C’est un fait connu de tous. Le football ivoirien a souvent marché sur la tête. Quand il s’agit notamment de décaisser des fonds pour des missions sportives. Car, le plus souvent, les principaux animateurs des disciplines sportives ne sont pas retenus pour effectuer les missions relevant de leurs domaines de compétence.
Absurdité totale. Et véritable hérésie. C’est triste. Mais c’est comme ça. Et la récente mission initiée par le ministère des Sports dans le cadre de la campagne du candidat ivoirien à la CAF, Jacques Anouma n’a pas fait exception à cela. C’est-à-dire à cette fâcheuse tendance qu’a la tutelle à chaque fois d’opter pour des seconds couteaux. Et non aux vrais acteurs. Depuis la semaine dernière, le ministre des Sports Danho Paulin Claude, a dépêché quatre missions sur l’ensemble du continent pour battre la campagne de Jacques Bernard Anouma, candidat à la présidence de la CAF. Ces quatre missions sont dirigées, l’une par le ministre des Sports lui-même, l’autre par le président du Comité National Olympique, le Général Lassana Palenfo. Quant aux deux dernières, elles sont conduites par deux anciens ministres Sports. En l’occurrence Albert François Amichia et le « revenant » Siguidé Soumahoro. Ces 4 chefs de délégations vont sillonner l’Afrique du nord, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Ils visiteront presqu’une vingtaine de pays pour « vendre » le candidat ivoirien. Seulement voilà. Même si les chefs de mission sont porteurs de messages spéciaux du chef de l’Etat, Alassane Ouattara à ses homologues, rien ne justifie cependant qu’aucun acteur clé du football ivoirien ne fasse partie des délégations. Aucun dirigeant de club en tout cas. Ni un Roger Ouégnin, ni un Sory Diabaté, ni un Salif Bictogo, encore moins la présidente d’Issia Wazy, Mme Ginette Ross. Dès lors, on a beau retourner la question dans tous les sens, on comprend difficilement cette hérésie ministérielle. Une véritable absurdité. En fait, c’est un peu comme si la tutelle ne portait aucune considération aux dirigeants de club. A tous ces hommes et toutes ces femmes qui se saignent pour faire vivre le football ivoirien. D’ailleurs, dès que JBA a annoncé son intention de candidater, tous les clubs sans exception, Ligue 1 et D2, ainsi que la D3 ont fait l’union sacrée autour de l’ancien président de la FIF. Ceci étant, en termes de lobbying auprès des présidents de Fédération, qu’est-ce que ces vieux chevaux de retour dans l’arène peuvent apporter à cette campagne ? En dehors, bien sûr, d’être porteurs du message du Chef de l’Etat. D’autant que les ministres des Sports de ces pays qui étaient en fonction à leur époque, sont tous à la retraite aujourd’hui. Tous ont cédé la place à plus jeunes. Que ni le Général Palenfo, ni le ministre Amichia encore moins Siguidé Soumahoro ne connaissent. C’est vrai. Dans le cadre de la diplomatie, les chefs d’Etat peuvent donner des instructions à chacun de leurs présidents de Fédération. Mais rien ne dit aussi qu’un président de Fédération ne peut justifier son choix à son chef de l’Etat, l’amenant donc à réviser sa position. Tout est question d’arguments. Or qui mieux qu’un dirigeant de club, homme de terrain possède les arguments pour convaincre un autre dirigeant, fut-il président de Fédération ? Ne pas associer les dirigeants aura été une grossière erreur. Et ce n’est certainement pas les 300 millions que l’Etat a décaissés pour accompagner la campagne de Jacques Anouma qui ont motivé cette mise à l’écart des dirigeants de clubs dans ces missions. En tout cas, rien, absolument rien, ne justifie ce tort fait aux dépositaires de notre football. Pour tout dire, que pour la campagne de l’un des leurs, la famille du football ivoirien soit traitée par-dessus la jambe est franchement scandaleux. Et plus qu’un simple oubli fâcheux, il s’agit d’une faute impardonnable. Presqu’un crime. Qu’il convient de reparer au plus vite. Car, cette campagne de Jacques Anouma n’appartient ni à un club. Ni à une tribu. Mais à nous tous.