Après un match nul face au Togo (0-0) à Moroni le jeudi 25 mars, l’archipel est qualifié pour la CAN 2021 au Cameroun à la faveur de la 5e et avent dernière journée des éliminatoires. Une première largement fêtée par les insulaires.
Au mois de novembre, les Comoriens avaient dignement célébré la victoire contre le Kenya (2-1), rapprochant un peu plus les Cœlacanthes (surnom de la sélection nationale) de la première phase finale de Coupe d’Afrique des Nations pour ce pays peuplé de 835 000 habitants. Le jeudi 25 mars, le gouvernement a exceptionnellement levé les mesures de restrictions imposées par l’épidémie de Covid-19 pour laisser la population fêter comme il se doit la qualification de ses héros, après leur match nul face au Togo (0-0). « Il y avait 1 000 spectateurs qui avaient été autorisés à prendre place au stade Omnisports de Malouzni à Moroni. Au coup de sifflet final, ça a été une explosion de joie, comme partout dans le pays », rapporte Saïd Ali Athouman, le président de la Fédération de football des Comores (FFC).
Les Comoriens sont sortis de chez eux pour partager ce moment historique. A Marseille, où vit une importante communauté comorienne, la performance n’est pas non plus passée inaperçue. « J’ai de la famille, des amis dans la ville. Ils m’ont dit qu’il y avait eu des manifestations de joie. Avant le match, déjà, je recevais beaucoup d’encouragements des Comoriens de Marseille », explique Youssouf M’Changama (30 ans), le milieu de terrain de la sélection nationale, natif de la cité phocéenne et joueur de Guingamp (Ligue 2).
Hier vendredi, avant de s’envoler pour le Caire, où ils affronteront l’Egypte le 29 mars, le staff technique et les internationaux seront reçus par Azali Assoumani, le chef de l’Etat. « Cette qualification est un évènement important pour tout le pays. C’est la première fois que notre équipe va participer à une compétition internationale », poursuit M’Changama.
Amir Abdou, l’homme qui a tout changé
Un homme a joué un rôle essentiel dans cette qualification obtenue au détriment du Togo et du Kenya, les deux autres équipes composant le groupe G. Il s’agit d’Amir Abdou (48 ans), le sélectionneur franco-comorien, nommé en janvier 2014, alors qu’il entraînait l’Entente Golfech Saint-Paul-d’Espis, en Division d’Honneur. Sept ans après son premier match en tant que sélectionneur face au Burkina Faso (1-1) à Martigues, le technicien, qui cumule sa fonction avec celle d’entraîneur du Fc Nouadhibou (Mauritanie), mesure tout le travail accompli. « Je ressens une grande fierté, une grande joie. Cette qualification est le fruit d’un travail constant avec les joueurs, le staff », dit-il.
Les Comores n’ont été affiliées à la FIFA et à la Confédération africaine de football (CAF) qu’en 2005, et avant la nomination d’Adbou, la sélection nationale se faisait surtout discrète. « Mon objectif était de mettre en place un projet de jeu, d’y faire adhérer les joueurs et de franchir des étapes, de progresser en visant une qualification pour une CAN à moyen terme. Le tout avec peu de moyens et un réservoir de joueurs assez limité », raconte-t-il. Pas de star, mais un collectif"
La faiblesse du championnat local l’a obligé à se tourner vers les binationaux. " Certains, au départ, ont hésité, et ont mis du temps avant d’accepter. Aujourd’hui, ils me disent qu’ils auraient aimé être là dès le début ", poursuit l’entraîneur. La sélection comorienne se veut très hétéroclite. On y retrouve des professionnels confirmés, tels El Fardou Ben Mohamed (Etoile Rouge de Belgrade, Serbie), Fouad Bachirou (Nottingham Forest, Angleterre), Nasser Chamed (Gaz Metan Medias, Roumanie), M’Changama et d’autres joueurs évoluant en France, mais aussi des footballeurs de National 1 ou National 2 (Division 3 et 4 de France). " Il n’y a pas de star, mais un collectif, une unité », tient à dire Youssouf M’Changama"