Nouveau sélectionneur du Maroc depuis un peu plus de trois mois, Walid Regragui a déjà marqué l’histoire de son pays en qualifiant les Lions de l’Atlas pour les quarts de finale de Coupe du monde, une première dans leur histoire. Dans sa ville natale, à Corbeil-Essonnes (Essonne), ses amis d’enfance, restés au quartier, sont fiers mais pas surpris. Reportage sur les traces d’une des révélations du Mondial 2022 au Qatar.
Nouveau sélectionneur du Maroc depuis un peu plus de trois mois, Walid Regragui a déjà marqué l’histoire de son pays en qualifiant les Lions de l’Atlas pour les quarts de finale de Coupe du monde, une première dans leur histoire. Dans sa ville natale, à Corbeil-Essonnes (Essonne), ses amis d’enfance, restés au quartier, sont fiers mais pas surpris. Reportage sur les traces d’une des révélations du Mondial 2022 au Qatar.
Le quartier Mont conseil n’échappe pas au froid de ce début du mois de décembre. A une trentaine de kilomètres au sud-est de Paris, Azdine Ouis, ami d’enfance de Walid Regragui, a sorti l’écharpe pour faire le tour de la cité.
Il y a une quarantaine d’années, la température ne les empêchait pas de taper le ballon devant l’actuel gymnase, ancien terrain d’entraînement, à quelques pas de la Tour 25 où a grandi l’actuel sélectionneur des Lions de l’Atlas, aujourd’hui détruite.
Courbis: "Quand j’apprends que 99% des joueurs l’adorent, je ne suis pas étonné"
Encore joueur, l’idée de devenir coach était assez claire dans la tête de Walid Regragui. Déjà adolescent, il était considéré comme "un grand du quartier" explique Azdine "un leader naturel. Quand on jouait, c’était le capitaine." "Il a toujours eu une position de grand frère, toujours de bons conseils, surenchérit Georges. Des conseils objectifs, jamais intéressé. Il aurait pu être agent de joueur, des gens l’ont d’ailleurs sollicité pour ça car il est respecté dans le milieu, mais lui n’était pas intéressé. Il voulait être entraîneur."
Autre ami d’enfance de Walid Regragui, Habibou Diagouraga est de passage devant le Jazz Barber Shop. D’abord réservé à l’idée de parler d’un homme qu’il estime beaucoup, il lâche finalement une anecdote "Walid a rencontré un de mes gars qui est en centre de formation. On était au restaurant, on parlait normalement, il lui a demandé ce qu’il voulait boire et mon garçon lui a répondu un Coca, il n’a rien dit puis lui a demandé à quelle heure il se couchait le soir, réponse : 23 heures. A la fin du repas, il lui a dit si tu ne changes pas tu n’y arriveras jamais. C’est ça Walid: il questionne, il observe et après il parle. Et quand il parle, tout le monde l’écoute."
En quelques semaines, ces qualités lui ont permis de souder une équipe marocaine tombeuse de la Belgique, du Canada, de l’Espagne tout en tenant tête à la Croatie. "Quand j’apprends que 99% des joueurs qu’il entraine pour ne pas dire 100%, l’adorent, je ne suis pas étonné" avoue Rolland Courbis qui a recruté ce "garçon attachant" à Ajaccio en 2001, alors qu’il était au chômage.
"Il arrive à fédérer le vestiaire, il a réussi à réunir tout l’effectif marocain éparpillé un peu partout, il s’est déplacé… peu de sélectionneurs le font, enchaîné le consultant. C’est de la psychologie, c’est intelligent. Qu’il puisse être récompensé n’est pas tombé du ciel quelle que soit la religion que l’on a." S’il a vu passer de nombreux joueurs sous ses ordres, Coach Courbis a vu en Walid Regragui ce qu’il n’a pas su deviner chez Zinedine Zidane: "Jamais je n’aurais pensé que Zizou serait entraîneur, je le voyais beaucoup trop renfermé. Walid faisait lui fait partie de ces joueurs toujours intéressés sur le mécanisme de l’organisation, c’est un gars avec qui on prend plaisir de travailler et discuter. Il donne envie d’entraîner."
Une fresque pour le retour du héros?
Et de le suivre. L’enfant de Corbeil-Essonnes est devenu un exemple dans sa ville natale. "On peut s’identifier à lui, avance Anas, ami d’un de ses frères (Walid Regragui est le troisième d’une fratrie de six). Il vient de notre quartier, il a fréquenté les mêmes endroits que nous, il a quasiment le même parcours que nous... On peut se dire que c’est possible pour tout le monde."
Au détour d’une rue de Montconseil, un jeune du quartier est curieux "Vous venez parler de Walid? Je peux dire quelque chose?". La réponse est positive, Fayçal est en joie. "On sort d’un quartier un peu défavorisé, il n’y pas beaucoup de moyens de s’en sortir. Voir un grand du quartier aller à la Coupe du Monde et qualifier le Maroc… Moi j’ai 20 ans, je n’avais jamais vu le Maroc gagner en Coupe du Monde. Avant la Belgique, jamais. C’était une joie de folie, je tremblais, Walid m’a fait découvrir ces émotions! On n’est pas que fier, c’est plus fort que ça, il faut inventer un mot."
Ce samedi, face au Portugal, le Maroc peut continuer d’écrire l’histoire, si par malheur le chemin s’arrêtait en quart, les quartiers de Corbeil-Essonnes sont déjà prêts à l’accueillir en héros. "On a mobilisé toutes les forces vives du quartier, promet Azdine, candidat à la dernière élection régionale et prêt à se présenter aux prochaines municipales. On a fait une réunion avec les associations, le but sera de réaliser une grande fresque comme ce qu’ont fait les amis de Benzema à Bron, proche de Lyon. Soit sur le bâtiment derrière le Gymnase de Montconseil soit sur le devant de la maison de quartier de La Péniche. On va essayer de mettre le paquet pour la réaliser puis inviter Walid parce qu’aujourd’hui, c’est l’enfant prodige de Corbeil-Essonnes, une fierté, un exemple qui incarne des valeurs de vivre ensemble, de résilience et d’espoir pour la jeunesse d’ici." Fayçal sera de la partie: "On va graver son blase! Je ne sais pas si on va faire une fresque dans la cité ou écrire son prénom en noir et blanc ou afficher une photo de lui mais il a marqué le quartier!" En plus d’avoir marqué l’histoire du Maroc.