Le footballeur le plus célèbre de l’histoire est décédé jeudi à 82 ans à São Paulo, des suites d’un cancer du côlon. Seul joueur à avoir remporté trois fois la Coupe du monde, il a marqué son sport comme aucun autre athlète. Pelé était le football
Le football, cette religion païenne, a eu plusieurs dieux mais un seul roi, Pelé, mort le 29 décembre à São Paulo à l’âge de 82 ans des suites d’un cancer du côlon. Le roi est mort et personne ne s’écrie «Vive le roi!», parce qu’il n’y en aura plus d’autre après lui. Ce n’est pas une question de talent, de palmarès ou de record, mais de symbole: Pelé était le football. Pelé était le Brésil. Pelé était la Coupe du monde. Pelé était le génie et la simplicité du jeu. Pelé était la joie de taper dans un ballon.
O Rei. Le roi, tout simplement. Avec l’ensemble de ses attributs. Sa couronne, jamais contestée, pas même par Cruyff, Platini, Maradona, Zidane, Messi ou Cristiano Ronaldo. Son trésor, ces 1 283 buts inscrits (selon son propre décompte) en 1 366 matchs et vingt ans de carrière, record qui continue de défier, depuis les années 1970, le football moderne et ses méthodes scientifiques. Son narcissisme, qui l’amenait fréquemment à parler de lui-même à la troisième personne du singulier, à évaluer son unicité à l’aune de Michel-Ange ou de Beethoven, rares exemples, à ses yeux, de personnages à avoir reçu, comme lui, un « don de Dieu ». Comme Elvis Presley pour le rock, Edson Arantes do Nascimento dit « Pelé », mort le jeudi 29 décembre, à l’âge de 82 ans, fut donc le monarque absolu du ballon rond. L’« Elu ». Ne demeure-t-il pas le seul joueur à avoir gagné trois Coupes du monde, en 1958, 1962 et 1970 ?
Selon la formule exacte de Johan Cruyff, il fut surtout « le seul footballeur à dépasser les bornes de la logique ». Fluet mais doté d’une technique surnaturelle des deux pieds et de la tête, à peine plus haut que 1,70 mètre, mais pourvu d’une prodigieuse détente verticale et fort d’une stupéfiante lecture du jeu, Pelé, avant d’être une divinité, était un joueur, au sens littéral, ludique.
Un éternel gamin pour lequel le foot demeurait un jeu où il pouvait laisser s’exprimer son inventivité et son culot phénoménal, son sens inné de l’« improvisation » – comme l’a souligné son capitaine Carlos Alberto –, qui le portait à accomplir des gestes adaptés à chaque situation, jamais répétés. Le propre d’une œuvre d’art.
Avec lui, les plus grandes enceintes du monde, à commencer par la première, le Maracana de Rio de Janeiro, étaient transformées en cours de récréation géantes. Le feu follet y ridiculisait les défenseurs, soudain lourdauds, patauds, pétrifiés à son contact.