Difficile de ne pas réagir à l’appel du Comité de normalisation de la Fédération Ivoirienne de football (Cn-fif) quand on espère construire un grand club, une société professionnelle de football. Si l’on reprend les termes du Communiqué de ce 21 Juin 2021 “recommandant la mise à jour " des statuts juridiques des clubs ivoiriens.
Il est clair que les règles vont au-delà d'une simple élection à la Fédération. C'est simple. Il s'agit de l'évolution juridique des clubs de football. Un aspect sur lequel la Côte d'Ivoire est en retard sur beaucoup de points. La Fifa est de plus en plus exigeante sur la bonne gouvernance (financière et administrative). L'instance internationale redistribue chaque année ou à chaque période indiquée de l'argent aux Fédérations (ce qui rejaillit sur les clubs). Elle ne peut plus continuer à remettre cet argent aux clubs (via leurs Fédérations) dont les comptes bancaires sont souvent confondus aux comptes personnels de ces mêmes dirigeants, la gestion administrative qui fonctionne uniquement et tourne souvent autour du Président de club et son Secrétaire général...
Il est beaucoup plus clair que la mutation d'Association à société sportive, et encore plus celle du sport de haut niveau vu les exigences qui s’y rattachent, se pose comme une condition ''sine qua non'' pour des clubs qui voudront avoir des aides de la Fifa, des partenariats Télé (droits télé), des contrats élevés de sponsoring...
Il va de soi que la parenthèse de la chaude ambiance et la préparation de l'élection à la Fif, vient frapper de plein fouet un problème existentielle depuis belle lurette dans le football ivoirien voire africain.
Il est encore plus clair que la création d’une association sportive ne suffit plus, notamment car l’association ne permet pas de distribuer de bénéfices, la société sportive apparaît être la solution. Sur le continent Européen par exemple, les clubs les plus en vue sont le PSG (qui a ouvert ses capitaux aux Qataris), le Barça (vit plus que jamais dans l'éternité grâce à l'investissement des Socios), la gestion Arsenal est bien aidée par la grosse compagnie Émirats... Manchester City, United, Real Madrid... et bien d'autres sont bien ancrées dans des Consortiums. Tout simplement, parce que ce sont des clubs de la taille de société sportive. Pourquoi faisons partir nos joueurs vers ces clubs alors que nous avons la latitude de mettre (sur place ici) ce modèle. Les joueurs ne se verront pas dans l'obligation de fuir la Côte d'Ivoire.
C’est à ce titre que le monde de l’entreprise interpelle de plus en plus les acteurs du monde du football ivoirien. L'organisation du football en Côte d'Ivoire n'a que trop duré dans de petits arrangements financiers.
À chaque début de saison, ça saute aux yeux. Les dirigeants de clubs se sentent obligés d'attendre le fameux et petit montant de la subvention de la Fédération pour démarrer la saison. Et lorsque ça tarde, certains ne se gênent pas à faire chanter la Fédération (ou la Ligue Professionnelle !?) par des menaces de grèves. Ils se font prier ni plus, ni moins. Et pourtant, s'ils avaient été constitués en société sportive (à l'exemple de l'ASEC mimosas), ils auraient pu avoir de meilleurs appels d'offres de la part des partenaires privés et autres sponsors qui rôdent dans l'industrie du football moderne. L'ASEC est peut-être le seul club à publier dans la presse et à mettre à la disposition de tous, les comptes du club avec les vérifications des Commissaires aux comptes. Grâce aux droits télé qu’elle engrange aujourd’hui, l'industrie du football mondial bénéficie d’un nouvel élan et occupe une place particulière dans le concert des grandes institutions financières. Plusieurs dirigeants de clubs (en Afrique) sont trop restés en marge de la réalité de l'organisation et de la pratique du football moderne. Ils sont restés à continuer à faire des réflexions (sur qui va m'aider cette saison ? quel Ministre ou directeur de société va me donner de l'argent pour démarrer la saison ? Ainsi de suite...). Ce sont les seuls connaissances empiriques qu'ils ont du football.
Mieux, le football en Côte d'Ivoire pourrait être aidé par la loi sur le sport (si elle est appliquée) initiée depuis la gouvernance du Ministre des sports Alain Lobognon, continuer par son successeur François Amichia et sorti des tiroirs par Paulin Danho.
Dans tous les cas, c'est un passage obligé. Le fonctionnement international du football impose désormais la transformation en société sportive à toutes les associations affiliée à une fédération sportive. Bonne gouvernance oblige !