MONDIAL FÉMININ - FRONDES EN SÉRIE, BATAILLE POUR LES PRIMES, MENACE DE BOYCOTT : LE MONDIAL DES CONTESTATAIRES

Outre la France, dont les joueuses ont fait sensation en mars en obtenant le départ de Corinne Diacre sur fond de mécontentement sur les moyens alloués aux Bleues, au moins 8 des 32 autres sélections engagées dans le Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande ont connu divers soucis extra-sportifs. Ce Mondial sera aussi celui des revendications.

La France ne fait pas exception. Outre des relations devenues plus que compliquées avec la sélectionneuse Corinne Diacre, Marie-Antoinette Katoto, Wendie Renard et Kadidiatou Diani ont provoqué un tremblement de terre fin février dernier, lorsqu’elles ont annoncé leur mise en retrait de la sélection tricolore en raison, selon elles, d’un manque criant de moyens alloués à l’équipe de France féminine. A l’époque, le staff tricolore s’est réduit comme peau de chagrin, avec seulement deux personnes dans le staff technique pour entourer l’ancienne internationale.

Avec l’arrivée de Hervé Renard, la délégation tricolore a repris en consistance. Désormais, 18 personnes sont réunies en comptant aussi le staff médical, les intendants, les Teams Managers et les analystes vidéo, pour assister l’ancien sélectionneur de l’Arabie Saoudite. L’équipe de France est loin d’être la seule à avoir connu de tels remous à l’approche de la grand-messe planétaire du football féminin. Ainsi, pas moins de 8 autres nations sur les 32 participants réunis en Australie et en Nouvelle-Zélande ont affiché de profonds désaccords avec leurs fédérations quant à la gestion de la sélection nationale. Et certains conflits traînent toujours.

 

ADA HEGERBERG ET MEGAN RAPINOE, DEUX SUPERSTARS EN PORTE-DRAPEAU

En 2018, c’est la première Ballon d’Or féminin de l’histoire, Ada Hegerberg, star de l’OL, qui avait frappé très fort en annonçant son retrait de la sélection, en raison du manque de moyens accordés à elle et ses partenaires. Après avoir manqué le Mondial en France il y a 4 ans, la serial-buteuse est revenue l’an passé, suite à la nomination de Lise Klaveness à la tête de la fédération norvégienne, première femme installée à ce poste en 120 ans d’histoire. Elle a vu sa sélection s’incliner face aux Ferns en ouverture du Mondial (1-0).

Un an plus tard, les Etats-Unis avaient fait grand bruit, notamment par l’intermédiaire de leur star Megan Rapinoe (dont la passe d’armes avec Donald Trump avait régalé de nombreux suiveurs), également meilleure joueuse et meilleure buteuse du tournoi, en réclamant l’égalité des salaires tout au long de la compétition. Une cause qu’elles avaient d’autant mieux défendu qu’elles avaient réussi à décrocher un deuxième titre mondial d’affilée.

Les frondeuses françaises, elles, ont peut-être été inspirées par leurs homologues espagnols. En septembre dernier, à la stupeur générale, 15 joueuses fustigent, dans un e-mail envoyé à leur fédération, le management de leur entraîneur, Jorge Vilda, qui, disent-elles, "affecte gravement [leur] état émotionnel et [leur] santé mentale". Parmi les signataires figurent quelques piliers dont les milieux Patri Guijarro, Aitana Bonmati ou la gardienne Sandra Panos. Mais pas la double ballon d’Or Alexia Putellas, qui indique tout de même, via les réseaux, soutenir ses coéquipières.

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EN ESPAGNE, UNE FRONDE SANS PRÉCÉDENT

Comme le font aussi les anciennes joueuses du PSG Jennifer Hermoso et Irène Paredes, dont le poids et l’histoire en sélection est considérable. Loin de céder, les dirigeants de la fédération soutiennent leur technicien de 42 ans, au contraire de la FFF lors de l’énième affaire Diacre. Celui-ci est maintenu en poste. Ona Batlle, Mariona Caldentey et Bonmati sont du voyage "Down Under", sélectionnées par celui dont elles réclamaient la tête, mais qui a peut-être dû, aussi, mettre de l’eau dans son vin (comme l’avait fait Corinne Diacre lors de son mandat).

"L'important dans une équipe, c'est qu'elle soit unie [...], et c'est le cas, nous avons ce sentiment, a déclaré Vilda lors de l’annonce définitive de son groupe début juillet. Il y a une atmosphère très compétitive, mais aussi fraternelle et harmonieuse." Ces derniers mois, Gianni Infantino a dû suer à grosses gouttes, alors que les menaces de boycott de la compétition ont fleuri un peu partout à travers le globe. D’abord du côté des championnes olympiques canadiennes.

Les partenaires de l’iconique Christine Sinclair ont menacé fin juin de ne pas être de la partie, après de long mois de conflit avec leur fédération, à qui elles réclamaient une rémunération décente en vue de la préparation puis de la participation au Mondial. Une cause que la recordwoman de buts toutes sélections confondues est même allée plaider auprès du Parlement local.

 

RÉBELLIONS AUX 4 COINS DU GLOBE

Tandis que la Fédération, elle, a indiqué avoir proposé 9 millions de dollars de prime à ses joueuses pour cet été, l’imbroglio est toujours en cours, car, comme l’a indiqué l’internationale Jessica Flemming, "nos actions contre la fédération sont basées sur beaucoup plus que sur les revenus des joueuses." Elle et ses coéquipières ont finalement décidé de mettre le sujet de côté le temps de la compétition. Une décision similaire à celle des Nigériannes, leurs premières adversaires du groupe B.

 

Soutenues par leur sélectionneur, les Super Falcons ont, elles aussi, menacé de boycott alors qu’elles reprochaient à leur fédération de ne pas vouloir leur verser l’intégralité des primes promises. La FIFA a pourtant annoncé en grandes pompes, en juin dernier, une petite révolution, en assurant que chaque joueuse participant au Mondial toucherait au moins 30 000 euros. Une somme non négligeable quand on connaît le salaire médian de la discipline, bien loin de celui de son homologue masculin. D’autant plus que seuls 12 des pays présents en Australie et en Nouvelle-Zélande ont une ligue professionnelle.

"L’argent constitue toujours une question sensible, s’est contenté de commenter le président de la FIFA à quelques jours du lancement de la Coupe du monde. Je suis content de savoir que, avant que je sois président, les primes étaient moins conséquentes qu’aujourd’hui. (…) Nous avons été en contact avec toutes les fédérations, eu égard aux taxes spécifiques et aux accords qu’elles pourraient avoir avec les joueuses, nous travaillons ensemble pour que la Coupe du monde se passe bien à ce sujet."

 

Mais cela n’a pas suffi à calmer les puissantes écuries que sont l’Australie et l’Angleterre, dont les joueuses ont signé presque simultanément une tribune réclamant encore une fois plus d’égalité dans le traitement des joueuses. Interrogée à ce propos après la victoire des siennes face à l’Irlande (1-0) ce jeudi, l’attaquante des Matildas, Mary Fowler, n’a pu que soupirer avant de lâcher, dans un sourire : "Je suis trop fatiguée pour répondre à tout ça." Il y a pourtant fort à parier que les joueuses n’ont pas fini de mettre le sujet sur le devant de la scène d’ici à la à finale, le 20 août.

 

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